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Rattrapage et amélioration des résultats insuffisants d’une chirurgie plastique du sein

Introduction

Les interventions de Chirurgie Plastique et Esthétique du sein sont parmi les interventions les plus pratiquées actuellement en chirurgie plastique et esthétique par la majorité des chirurgiens plasticiens. Très logiquement et par conséquence, l’incidence des chirurgies de révision est de plus en plus élevée. Ces dernières années, le nombre d’opérations mammaires pratiquées par les chirurgiens plasticiens a augmenté de façon très importante en chirurgie d’augmentation, de mastopexie, ou de réduction mammaire. De nombreuses études ont bien documentées les forts taux de satisfaction après une chirurgie plastique et esthétique du sein et le bénéfice remarquable de ces interventions n’est plus à prouver. Il a été également bien étudié qu’il existait un taux significatif de complications ou de résultats insuffisants en chirurgie plastique du sein. Certaines séries publiées ont révélé un taux de révision de 25 à 30 % après augmentation primaire du sein durant les trois premières années. Tout doit être fait lors de l’intervention initiale pour limiter ce taux de ré-interventions. En cas de résultats insuffisants ou de complications sévères, il est pertinent que la patiente soit adressée à un chirurgien très expérimentépour corriger ces résultats insuffisants afin de donner les meilleures chances de réussite possibles à la patiente.

 

Nous avons développé une expérience importante en chirurgie plastique et reconstructrice du sein, qui combinée à une activité importante de publications, nous ont donné une notoriété dans ce domaine, si bien que beaucoup de confrères nous ont adressé des cas difficiles de rattrapage de chirurgie plastique et esthétique du sein. Cette réputation nous a permis de faire de nombreuses communications et conférences sur ce sujet, et cette notoriété a dépassé les frontières, et nous avons été sollicité pour rédiger trois chapitres dans le livre international de référence sur le sujet (Problems in Breast Surgery. A repair manual.  Fisher J, Handel N, Eds. New York : CRC  Press 2014 : 834).

 

Dans un grand nombre de cas, la chirurgie de révision est secondaire, et est liée à l’évolution naturelle ou au phénomène de vieillissement du sein, ou est la conséquence de la présence ancienne d’une prothèse. Dans ces situations, l’intervention secondaire est souvent vécue comme une expérience positive, la patiente l’accepte alors bien. Par contre, dans d’autres cas, l’intervention de rattrapage fait suite à une intervention primaire de chirurgie plastique qui a donné un résultat insuffisant ou a abouti à une complication. La prise en charge est ici beaucoup plus difficile car la patiente est souvent déçue et très contrariée par le problème, et il convient ici de prendre grand soin d’elle au point de vue technique, bien sûr, mais également et surtout au point de vue psychologique.

 

Le but de ce chapitre est de présenter les problèmes et les solutions, dans le cadre de la chirurgie de rattrapage et d’amélioration de résultats insuffisants de chirurgie plastique et esthétique du sein. Ces éléments peuvent être abordés du point de vue du chirurgien, et également du point de vue de la patiente.

Du point de vue du chirurgien

Analyse de l’histoire de la patiente

L’analyse de l’histoire précise de la patiente et du problème spécifique que la patiente a rencontré est très importante. Une étude précise de l’intervention ou des différentes interventions est nécessaire ; et il est souvent de très intéressant de pouvoir disposer des comptes rendus opératoires (CRO) et éventuellement des photos préopératoires. L’idéal est de pouvoir bénéficier d’un courrier du premier praticien afin qu’il explique les différents temps opératoires et les problèmes qu’il a rencontrés, et qu’il suggère que nous puissions l’aider en prenant en charge la patiente.

 

 

Description anatomique de la situation

Un examen précis de la patiente avec prise de photos dans différentes incidences est une étape très importante.  Les défauts anatomiques précis doivent être analysés de façon très fine, en particulier dans les différents segments du sein. La patiente est impliquée dans cette analyse et doit bien dire ce qui la gêne le plus (car il faut parfois faire des choix et prioriser ce qui est le plus important pour la patiente). Les cicatrices pré-existantes, la souplesse des tissus, les phénomènes de fibrose, des antécédents de radiothérapie ou des séquelles de radiothérapie, ainsi que tous les éléments anatomiques comme l’épaisseur de la peau, du muscle et de la graisse, sont des éléments très importants permettant d’envisager la chirurgie secondaire.

 

 

Analyse du problème

L’analyse du problème est un temps capital. Elle permet de comprendre ou de faire des hypothèses sur les éléments qui ont conduit au résultat insuffisant ou à la complication. Les différentes possibilités thérapeutiques sont envisagées et sont analysées de façon critique, pour finalement aboutir à la solution recommandée.

 

 

Solution recommandée

La solution recommandée fait suite aux étapes précédentes. Le plan chirurgical doit être précis et inclure les différents points techniques permettant de régler la situation, et présenter les différentes étapes chirurgicales nécessaires au résultat optimal. Un courrier est habituellement adressé au médecin traitant et au médecin qui adresse la patiente expliquant ces différents points techniques, et la patiente reçoit une copie de ce courrier.

 

 

Difficultés techniques d’une chirurgie de révision mammaire 

La chirurgie des révisions des résultats insuffisants et des complications d’une chirurgie plastique du sein est techniquement plus difficile. Elle doit être réalisée par un chirurgien très expérimenté qui a été déjà confronté à cette situation et qui sait régler la situation. L’expérience en chirurgie reconstructrice est un élément important car, par analogie, on peut utiliser de nombreuses techniques de chirurgie réparatrice permettant d’obtenir un bon résultat en chirurgie esthétique.

 

 

Utilisation de techniques sûres avec un faible risque

Il est fondamental d’utiliser les techniques les plus sûres et, si possible, ayant une faible rançon cicatricielle. Le lipomodelage a apporté ici une avancée formidable, en permettant, dans de nombreuses situations difficiles, d’apporter une arme supplémentaire au prix d’une rançon cicatricielle très faible. C’est également cette expérience dans le lipomodelage et les transferts graisseux qui nous a conduits à développer ce domaine d’expertise, car nos confrères plasticiens nous ont adressé des cas très difficiles que nous avons pu régler, en partie grâce à la technique du lipomodelage ou à la combinaison du lipomodelage avec un autre technique.

 

 

Aspect psychologique pour le chirurgien 

La chirurgie de reprise des complications est une chirurgie difficile techniquement, mais également psychologiquement car, dans les cas où il y a eu une complication, les patientes sont déçues et parfois en colère et cela est éprouvant pour le chirurgien d’accueillir cette peine. Le chirurgien doit rester calme, serein et apaisant. Il faut savoir, d’une part, accepter que les patientes expriment éventuellement leur colère, puis leur faire comprendre qu’il est important qu’elles aient une aide psychologique pour évacuer la déception et la colère ; et, ensuite il faut les accompagner progressivement jusqu’au succès final de l’intervention et de la chirurgie réparatrice. Ce travail demande beaucoup de doigté et de sens psychologique, et souvent beaucoup de patience, de gentillesse, et de bienveillance.

 

 

Aspects médico-légaux

Prendre en charge des cas difficiles ayant présenté des résultats insuffisants et des complications est toujours un challenge et une difficulté pour le chirurgien. Il convient, lors de la première consultation, de « tout mettre sur la table » et de bien faire comprendre à la patiente que nous allons faire le maximum pour elle, mais que nous ne pouvons pas assumer ce qui s’est passé avant. On sait que toute chirurgie peut avoir un taux de complications (en des mains expertes, le taux d’hématome est de 1%, le taux d’infection de 1% et, en fonction d’autres facteurs de risque comme le tabagisme, on peut également avoir des phénomènes de nécrose ou de retard de cicatrisation). Le problème est : lorsque la patiente a une complication sévère, elle a le problème, ce qui représente 100% de complications pour elle. Elle peut être alors dans une situation psychologique très difficile et, si elle a du mal à élaborer cette situation difficile ou si elle a été mal accompagnée, elle peut se retrouver dans une détresse qui peut parfois virer à l’agressivité. Ceci peut conduire parfois à des revendications du point de vue médico-légal, sous la forme de plainte ou de procès. Dans la majorité des cas, cela peut être évité si l’on prend bien soin de la patiente et si l’on obtient le résultat final escompté. Il faut savoir que ces procès, sont dans la majorité des cas une catastrophe psychologique pour la patiente, mais également pour le premier chirurgien, et font finalement beaucoup de soucis à tout le monde et « rajoute du malheur au malheur ». Ces processus judiciaires durent très longtemps et aboutissent toujours à une frustration des personnes en présence. Aussi, il faut tout faire pour éviter un processus médico-légal et prendre en charge au mieux les patientes, au point de vue technique et également au point de vue psychologique avec beaucoup d’attention et de bienveillance. A mon sens, seuls les cas exceptionnels de dangerosité particulière d’un praticien (avec faute et incompétence notoires du praticien) devraient faire l’objet d’un processus médico-légal de façon à empêcher ce praticien de nuire ; de même, si le praticien n’a visiblement ni la spécialité, ni les diplômes, ni la compétence et l’expérience nécessaires à la réalisation de l’intervention dans de bonnes conditions de sécurité. Fort heureusement, aujourd’hui en France, l’immense majorité des praticiens chirurgiens plasticiens diplômés sont bien formés et compétents ; et cette situation de praticien dangereux est plus que très exceptionnelle en France. Lorsqu’on accepte de prendre en charge une patiente ayant eu un problème ou une complication, il faut qu’elle soit au clair par rapport à cela, qu’elle ait fait le deuil du problème et qu’elle soit prête à repartir dans une démarche positive pour obtenir le résultat final escompté.

 

Afin d’éviter toute discussion ou tout problème ultérieur, nous faisons signer un consentement éclairé renforcé et additionnel dans le cas des chirurgies secondaires, dans lequel la patiente reconnait qu’elle a été longuement informée des difficultés techniques liées à cette reprise chirurgicale, des aspects psychologiques par rapport à cette chirurgie secondaire, et qu’elle a bien compris les limites, en terme de résultat, d’une intervention secondaire qui vise à améliorer la situation mais qui ne permettra d’obtenir un résultat parfait (la perfection n’existant  pas).

 

 

Problèmes déontologiques

La prise en charge secondaire de cas difficiles peut poser des problèmes déontologiques et, en tant que praticien référent, nous sommes là pour rendre service et non pas pour poser des problèmes déontologiques. Aussi, la meilleure solution, si cela est possible, est que la patiente nous soit adressée par le premier praticien qui a eu le problème ou le résultat insuffisant, ou tout au moins par un confrère comme son gynécologue, qui peut alors nous expliquer précisément la situation afin que nous puissions, sans problème déontologique, fournir la meilleure solution possible à la patiente.

 

Il faut bien comprendre que si nous prenons en charge la patiente, nous la prenons en charge et elle renonce à revoir le premier chirurgien (« changement de crèmerie ») car sinon il peut y avoir des phénomènes d’amour propre du premier chirurgien qui peuvent entrainer des attitudes négatives inconscientes, source de problèmes supplémentaires, qu’il faut bien-sûr éviter de rajouter dans cette situation déjà complexe.

Du point de la patiente

Aspects psychologiques

Lorsqu’on traite des patientes ayant eu un résultat insuffisant ou des complications à la suite d’une intervention primaire, la patiente est déçue et parfois en colère de ne pas avoir obtenu un résultat satisfaisant. La patiente est non satisfaite ou désappointée parce que le but n’a pas été atteint et qu’elle n’a pas obtenu le résultat escompté. Ces femmes ont déjà eu une intervention avec un résultat décevant et redoutent d’avoir à nouveau une complication ou un résultat insatisfaisant. Ces patientes sont plus sensibles et ont un plus grand risque d’être encore plus grandement déçue si elles avaient à nouveau une complication ou un résultat insuffisant. C’est pourquoi il est important, dans ce type de chirurgie, que les chirurgiens soient très expérimentés et aient l’habileté et les moyens nécessaires pour traiter ces problèmes au mieux, en limitant au maximum le risque de complications ou de résultats insuffisants.

 

Il est important que la patiente puisse exprimer sa colère et sa déception auprès d’un psychologue ou d’un psychothérapeute. La patiente doit « faire le deuil » du résultat qu’elle escomptait, et le deuil de l’idéal. Il est important qu’elle puisse suivre un processus psychologique pour accepter d’obtenir simplement un résultat satisfaisant. La patiente doit comprendre qu’il s’agit d’un cas difficile et que tout va être mis en œuvre pour obtenir le meilleur résultat possible pour elle, mais que le résultat peut être simplement satisfaisant ou moyen et que, dans son cas, cela peut déjà représenter un bon résultat. Il est très important de bien expliquer ce qu’on peut attendre de l’intervention et que la patiente le comprenne bien afin qu’elle ne soit pas à nouveau déçue, dans le cas où elle avait une exigence trop importante par rapport au résultat que l’on peut donner. Dans ces cas secondaires, cette prise en charge psychologique est pour nous une condition fondamentale, à tel point que la patiente doit signer un document expliquant qu’elle a bien pris en compte cette nécessité d’un travail psychologique et qu’elle l’a bien intégrée et qu’elle s’engage à suivre cette psychothérapie avant, pendant la durée postopératoire et idéalement en période postopératoire, pour obtenir un bon résultat non seulement morphologique, mais également psychologique.

 

 

Contraintes postopératoires

La patiente va devoir bénéficier d’une ou de plusieurs interventions correctrices qui auront leurs propres contraintes. Il faut que la patiente comprenne bien que le chirurgien qui réalise la correction, n’est pas responsable de ces contraintes supplémentaires ; et elle doit être prête à accepter ces nouvelles contraintes. Aussi, il faut souvent laisser du temps, pour que la patiente fasse une demande motivée et qu’elle ne soit pas dans la plainte par rapport à de nouvelles contraintes liées aux interventions de correction. Il faut que la patiente comprenne bien que les nouvelles contraintes d’une intervention sont nécessaires pour réaliser la correction mais qu’en aucun cas, le chirurgien qui va tout faire pour obtenir le meilleur résultat possible, n’est responsable de ces nouvelles contraintes.

 

 

Limites d’une intervention secondaire

La patiente doit bien comprendre les limites d’une intervention secondaire, à savoir que le chirurgien va tout mettre en œuvre pour obtenir le meilleur résultat possible mais qu’elle ne pourra pas se comparer à un cas de « bon » ou de « très bon » résultat d’une intervention primaire. La chirurgie secondaire est souvent plus difficile et permet d’obtenir de moins bons résultats que les interventions primaires;   c’est pour  cela d’ailleurs qu’il est fondamental d’obtenir, si possible dès la première intervention, le meilleur résultat possible.

 

La patiente doit avoir bien compris ces limites et il lui est demandé d’ailleurs de signer un document expliquant qu’elle comprenait bien ces limites. Tout va être mis en œuvre pour obtenir le meilleur résultat possible, pour son cas particulier. Mais la patiente doit forcément « ré-étalonner » sa demande en fonction de sa situation.

 

 

Aspects financiers

Une reprise d’un cas difficile ou d’une complication sévère peut nécessiter une, deux, voire trois interventions pour obtenir le résultat optimal. Chaque intervention engendre des coûts et un devis sera remis à la patiente pour chaque intervention. Dans certains cas de complications sévères avec séquelles post-thérapeutiques sévères, une partie de l’intervention peut relever d’une prise en charge, dans le cadre d’une chirurgie réparatrice (séquelles post-thérapeutiques), avec prise en charge partielle par l’assurance maladie. Tout cela sera précisé au préalable. Lors de la consultation, un ou des devis détaillés seront remis à la patiente, puis signés après réflexion et acceptation.

La patiente est parfois « remontée » et voudrait que le chirurgien fasse l’intervention à bas prix. La patiente doit bien comprendre que le chirurgien expérimenté va réaliser une intervention difficile, souvent plus longue que l’intervention primaire, et il est obligé de facturer ses propres honoraires pour que son entreprise médicale puisse vivre. On est rarement dans l’urgence, et il vaut mieux prendre le temps d’avoir les moyens financiers suffisants pour envisager l’intervention, sans rajouter de problèmes financiers à cette situation difficile.

 

Il faut également savoir, qu’une opération avec retouches secondaires peut être nécessaire, afin d’améliorer encore le résultat car le paradoxe de cette situation est que : plus l’amélioration est importante, plus la patiente est susceptible de demander des améliorations (il s’agit d’un mécanisme psychologique normal : en effet, chaque être humain en bonne santé mentale, vise à améliorer le plus possible sa qualité de vie). Il convient initialement de bien fixer les objectifs de chaque intervention et de s’inscrire dans la durée pour finalement obtenir la satisfaction de la patiente. Et là aussi la patiente doit savoir que ces interventions complémentaires ont un coût qu’elle doit pouvoir assumer ; et un devis sera remis avant chaque nouvelle intervention pour que tout soit bien clair.

Situations médicales les plus fréquentes

A) Résultats insuffisants et complications après augmentation mammaire

Les implants en silicone ont été introduits il y a maintenant un peu plus de cinquante ans (1962). Depuis cette date, les interventions d’augmentation par prothèses ont gagné en popularité, et actuellement de nombreuses patientes sont demandeuses de faire pratiquer cette intervention. Bien que d’autres alternatives, comme les transferts graisseux et le lipomodelage, peuvent être proposées, dans de nombreuses situations, les augmentations mammaires (surtout chez les patientes minces) doivent être réalisées en utilisant des prothèses en silicone. La satisfaction des patientes après augmentation mammaire est élevée, et les études montrent un taux de plus de 90% de patientes satisfaites ou très satisfaites de leur résultat.

 

Cependant, des études ont également montré que le taux de résultats insuffisants ou de complications augmentait naturellement avec la popularité de l’intervention. Certaines études ont montré que 25 à 30 % de patientes nécessitaient une ré-intervention au cours des trois premières années d’implantation. C’est pourquoi, du fait de ce taux relativement élevé de ré-opérations, les chirurgiens plasticiens réalisant des augmentations mammaires, doivent avoir les outils et l’habileté nécessaires pour pouvoir réaliser avec succès une chirurgie de révision. Tout doit être fait lors du temps primaire pour ne pas avoir de résultat insuffisant (il est fondamental que la patiente choisisse  un chirurgien d’expérience) ; mais en cas de résultat insuffisant, il faut savoir réaliser une retouche, ou une reprise chirurgicale vraie pour finalement obtenir un résultat satisfaisant. Les indications les plus fréquentes pour une ré-opération comprennent la coque péri-prothétique, la malposition de l’implant, la perception de vagues, un double contour, une rupture de l’implant ou une asymétrie. Dans certains cas, même en présence d’un bon résultat initial, les modifications progressives du sein, accompagnant le phénomène de vieillissement du sein, la grossesse, la lactation ou les fluctuations de poids, peuvent entrainer des altérations du résultat qui peuvent nécessiter une chirurgie de révision secondaire. De nombreux points techniques ont été proposés pour obtenir le meilleur résultat possible dans chaque situation, mais finalement, seules l’imagination et l’ingénuité d’un chirurgien plasticien talentueux limitent cette chirurgie et il y a pratiquement toujours une solution à trouver à un problème donné.

 

Il n’est pas possible ici de détailler l’ensemble des situations, nous ne citerons ici que des exemples de reprises secondaires, que nous avons pratiquées, après complications ou après résultats insuffisants:

  • sauvetage du sein après infection de prothèse
  • sérome tardif après augmentation mammaire
  • coque péri-prothétique après augmentation mammaire
  • exposition de la prothèse à la suite d’une augmentation mammaire
  • dégonflement d’une prothèse gonflable au sérum physiologique
  • rupture intracapsulaire
  • rupture extracapsulaire avec migration du gel et siliconomes
  • rotation d’un implant anatomique
  • survenue d’un cancer du sein après augmentation mammaire
  • réparation du sein après lymphome anaplasique à grandes cellules associé aux implants mammaires (LAGC-AIM)
  • malposition de l’implant
  • synmastie
  • double-bubble deformity (double sillon sous-mammaire)
  • défaut du pôle supérieur ou défaut des contours du sein
  • excès cutané inférieur
  • animation pectorale associée à certains implants sous-pectoraux
  • seins trop augmentés
  • ptose mammaire sur seins antérieurement augmentés
  • asymétrie mammaire sur des seins antérieurement augmentés
  • désir d’explantation mammaire
  • prurit chronique par mauvaise acceptation des prothèses.

 

 

B) Résultats insuffisants et complications après mastopexie-augmentation mammaire

La mastopexie-augmentation mammaire pose des problèmes comparables à ceux d’une réduction mammaire et à ceux d’une augmentation mammaire. Seulement, le risque de complications de cette intervention est plus élevé. En combinant deux interventions que sont la mastopexie et l’augmentation mammaire, on fait passer le risque de complications de 1% à environ 5%. A tel point que certains chirurgiens n’aiment pas cette intervention et préfère réaliser dans un premier temps, la mastopexie, puis l’augmentation mammaire. Même en réalisant ces deux temps décalés, on peut avoir encore des complications car, lorsque la ptose est importante, cela traduit une faiblesse tissulaire, et ce facteur tissulaire doit être pris en compte (d’ailleurs même avec une grande expérience il est encore possible de mésestimer ce facteur tissulaire, comme cela nous ait déjà arrivé); ce qui explique des complications comme des synmasties ou des relâchements du sillon sous-mammaire. La patiente qui a bénéficié d’une mastopexie-augmentation doit bien comprendre qu’elle est dans une situation difficile et à risques.  Cette intervention doit être réalisé par un chirurgien très expérimenté et, même en des mains très expertes,  le  taux de résultats insuffisants est non négligeable, et la patiente doit bien le comprendre et accepter parfois un résultat « moyen » ou juste « correct » plutôt que de risquer une complication plus sévère  en cherchant le « bon » résultat: c’est l’honnêteté intellectuelle et professionnelle du chirurgien très expérimenté qui doit s’exprimer et qui doit être écoutée : si un chirurgien très expérimenté conseille  l’abstention thérapeutique et considère qu’il ne faut plus opérer, il faut alors ben l’écouter.

 

Lorsqu’on réalise une chirurgie de reprise après mastopexie-augmentation, il est très important d’avoir un maximum d’informations sur les interventions précédentes, notamment quel pédicule a été utilisé pour mettre l’aréole en bonne place lors de l’intervention primaire. Il faut également savoir quelle loge d’implantation a été utilisée et comment étaient les tissus de couverture. Le fait que la patiente présente des séquelles d’amaigrissement augmente le risque de complications à type de relâchement du sillon sous-mammaire, ou de trop grande laxité avec de migration des prothèses vers la partie externe. Par ailleurs, du fait des antécédents chirurgicaux sur le sein le risque d’ischémie tissulaire (et donc de nécrose cutanée, qu’il s’agisse de l’aréole ou des lambeaux cutanéo-glandulaires) est plus élevé car les interventions précédentes ont pu couper certains vaisseaux. Il est encore plus fondamental que d’habitude de que la patiente ait cessé complètement l’intoxication tabagique ; il faut bien faire attention également aux autres facteurs de risque comme le diabète et tous les troubles de la microcirculation.

 

Voici quelques exemples de cas que nous avons dû prendre en charge pour réparation secondaire :

  • ischémie et nécrose de la plaque aréolo-mamelonnaire
  • nécrose des lambeaux de mastopexie
  • malposition de la plaque aréolo-mamelonnaire
  • dépose de prothèse suite infection de la prothèse
  • cicatrices de mauvaise qualité
  • élargissement de l’aréole
  • protusion aréolaire
  • récidive de la ptose
  • perte du bombé du pole supérieur
  • déroulement du sillon sous-mammaire et asymétrie du sillon sous-mammaire
  • relâchement cutané important après amaigrissement majeur.

 

 

C) Résultats insuffisants et complications après réduction mammaire et cure de ptose

La réduction mammaire est l’une des interventions les plus fréquemment réalisées et une de celles qui a habituellement le plus fort taux de satisfaction. Dans les hypertrophies importantes, la patiente est complètement transformée, son image corporelle est améliorée, sa qualité de vie également et elle peut reprendre une activité sportive satisfaisante contribuant à l’amélioration globale de son statut corporel et psychologique.

 

Si le but initial de la réduction mammaire est fonctionnel (permettre d’enlever les symptômes fonctionnels et prévenir les complications musculo-squelettiques liées à l’hypertrophie), la réduction mammaire est aussi une intervention à visée esthétique dans ce sens qu’elle va modifier profondément l’esthétique global de la personne. Le but de la réduction mammaire est de restaurer la balance esthétique entre des seins de volume harmonieux et avec le reste de l’habitus corporel. Les chirurgiens plasticiens sont donc chargés de réduire le poids des seins et, dans le même temps, de donner l’apparence esthétique la meilleure possible. Obtenir un tel résultat nécessite un investissement important du chirurgien à chaque intervention et même si le chirurgien a réalisé plusieurs milliers d’interventions de ce type comme c’est notre cas, chaque opération est passionnante car il faut donner le meilleur résultat possible pour chaque personne, or la forme des seins est différente pour chaque patiente et chaque cas est finalement particulier. De nombreuses variations techniques ont été proposées pour obtenir les résultats les meilleurs possibles. Il faut savoir choisir la technique la plus sûre pour chaque personne, notamment s’il y a un des facteurs de risque comme les antécédents de tabagisme, le diabète, une gigantomastie, ou des cicatrices pré-existantes. La majorité des complications après réduction mammaire sont en rapport avec un défaut de vascularisation de la peau ou de la glande, qui peut se manifester par une désunion, une nécrose cutanée, une cytostéatonécrose ou une nécrose partielle ou totale de la plaque aréolo-mamelonnaire. Ces problèmes peuvent conduire à une asymétrie, à une mauvaise forme, ou à des cicatrices disgracieuses. Malgré tout le soin apporté par le chirurgien plasticien pour prévenir ces complications et ces résultats insuffisants, un certain nombre de patientes peuvent présenter un résultat insuffisant ou une complication.

 

Heureusement, pour un chirurgien expérimenté en chirurgie plastique du sein, surtout s’il a une grosse expérience en reconstruction du sein, la plupart des patientes peuvent finalement obtenir un résultat satisfaisant au prix d’une ré-intervention et finalement être satisfaite de leur chirurgie. Dans notre expérience, même les patientes ayant eu une complication sont finalement très satisfaites de leur prise en charge et referait l’intervention, car la majorité des patientes ont été positivement transformée par la réduction mammaire.

 

Voici quelques exemples des cas secondaires que nous avons eu à prendre en charge:

  • nécrose de la plaque aréolo-mamelonnaire
  • nécrose cutanée avec retard de cicatrisation
  • bloc de cytostéatonécrose
  • asymétrie mammaire importante
  • réduction trop importante du volume mammaire
  • réduction mammaire insuffisante
  • malposition de la plaque aréolo-mamelonnaire avec dystopie aréolaire
  • déroulement du segment III, asymétrie du pôle inférieur du sein
  • forme mammaire non satisfaisante
  • contours du sein irréguliers et peu satisfaisants
  • bourrelets graisseux latéro-mammaires.

Références

  1. FISHER J, HANDEL N, Eds. Problems in Breast surgery. A repair manual.
    New York : CRC Press 2014 : 834.
  2. DELAY E – Asymmetries in previously augmented breasts. Lipomodeling and IMF fixation to correct asymmetry after failed breast implants. Chapter 20. – In: FISHER J, HANDEL N, Eds. Problem in Breast Surgery. A repair manual. – Saint Louis: Quality Medical Publishing (QMP), 2014: 355- 8.
  3. DELAY E. – Asymmetry. Fat grafting. Chapter 41. – In: FISHER J, HANDEL N, Eds.  Problem in Breast Surgery. A repair manual. – Saint Louis: Quality Medical Publishing (QMP), 2014: 667-77.
  4. DELAY E. – Deformities after lumpectomy, radiation, and breast reconstruction. Fat grafting. – Chapter 46. – In: FISHER J, HANDEL N, Eds. Problem in Breast Surgery. A repair manual. – Saint Louis: Quality Medical Publishing (QMP), 2014: 741- 4.