Limites d’une intervention secondaire
La patiente doit bien comprendre les limites d’une intervention secondaire, à savoir que le chirurgien va tout mettre en œuvre pour obtenir le meilleur résultat possible mais qu’elle ne pourra pas se comparer à un cas de « bon » ou de « très bon » résultat d’une intervention primaire. La chirurgie secondaire est souvent plus difficile et permet d’obtenir de moins bons résultats que les interventions primaires; c’est pour cela d’ailleurs qu’il est fondamental d’obtenir, si possible dès la première intervention, le meilleur résultat possible. Mais les choses étant ce qu’elles sont, il faut faire le maximum au moment considéré (mon slogan : « Paix au gens de bonne volonté ! »).
La patiente doit avoir bien compris ces limites et il lui est demandé d’ailleurs de signer un document expliquant qu’elle comprenait bien ces limites. Tout va être mis en œuvre pour obtenir le meilleur résultat possible, pour son cas particulier. Mais la patiente doit forcément « ré-étalonner » sa demande en fonction de sa situation.
Aspects financiers
Une reprise d’un cas difficile ou d’une complication sévère peut nécessiter une, deux, voire trois interventions pour obtenir le résultat optimal. Chaque intervention engendre des coûts et un devis sera remis à la patiente pour chaque intervention. Ces interventions relèvent ici d’une chirurgie réparatrice avec prise en charge partielle par l’assurance maladie. Tout cela sera précisé au préalable. Lors de la consultation, un ou des devis détaillés seront remis à la patiente, puis signés après réflexion et acceptation.
La patiente est parfois « remontée » et voudrait que le chirurgien fasse l’intervention à bas prix car elle a eu un cancer et qu’elle ne l’a bien-sûr pas choisi. La patiente doit bien comprendre que le chirurgien expérimenté va réaliser une intervention difficile, souvent plus longue et plus à risque que l’intervention primaire, et il est obligé de facturer ses propres honoraires pour que son entreprise médicale puisse vivre, sinon il devrait arrêter de pratiquer ce type d’interventions (ce qui serait regrettable, surtout si le chirurgien fait partie des rares chirurgiens expérimentés maitrisant ce type d’interventions). On est rarement dans l’urgence, et il vaut mieux prendre le temps d’avoir les moyens financiers suffisants pour envisager l’intervention, sans rajouter de problèmes financiers à cette situation difficile. En cas de difficultés financières importantes, la patiente peut bénéficier d’une prise en charge hospitalière, et les interventions seront alors prises en charge par l’assurance maladie dans le cadre de l’ALD.
Il faut également savoir, qu’une opération avec retouches secondaires peut être nécessaire, afin d’améliorer encore le résultat car le paradoxe de cette situation est que : plus l’amélioration est importante, plus la patiente est susceptible de demander des améliorations (il s’agit d’un mécanisme psychologique normal : en effet, chaque être humain en bonne santé mentale, vise à améliorer le plus possible sa qualité de vie). Il convient initialement de bien fixer les objectifs de chaque intervention et de s’inscrire dans la durée pour finalement obtenir la satisfaction de la patiente. Et là aussi la patiente doit savoir que ces interventions complémentaires ont un coût qu’elle doit pouvoir assumer ; et un devis sera remis avant chaque nouvelle intervention pour que tout soit bien clair.
Situations médicales les plus fréquentes
- Problèmes après reconstruction mammaire prothèse ou par prothèse d’expansion.
Les reconstructions mammaires par prothèse ou par expansion tissulaire sont utilisées en reconstruction mammaire depuis de nombreuses années. De nombreux modèles de prothèses ou de prothèses d’expansion ont été proposées mais quelle que soit la technique utilisée, de nombreux problèmes potentiels peuvent survenir.
Les problèmes les plus fréquents sont la survenue d’une coque périprothétique, une asymétrie mammaire, ou une consistance peu naturelle. Des complications plus embêtantes, comme la nécrose cutanée, l’infection ou l’exposition de la prothèse sont heureusement beaucoup plus rares.
Nous avons été amené à prendre en charge de nombreux cas secondaires à la suite d’une reconstruction par prothèse ou par prothèse d’expansion avec pour exemples :
- infection de la prothèse mammaire (qui nécessite, par le premier chirurgien, le débridement, le lavage et le drainage qui doit être déclive)
- infection modérée du sein avec remplacement dans le même temps par tissus autologues pour sauvegarder la reconstruction,
- l’amélioration d’une coque périprothétique par les transferts graisseux et changement de prothèse,
- conversion de reconstruction prothétique en reconstruction autologue pour coque périprothétique
- reprise d’une reconstruction pour décolleté insatisfaisant, avec greffe de tissus graisseux.
- reprise du sillon sous-mammaire mal placé,
- conversion de la reconstruction prothétique en reconstruction autologue pour obtenir une consistance plus naturelle,
- conversion de la reconstruction prothétique en reconstruction autologue pour tissus de couverture trop fins
- sauvetage de la reconstruction après nécrose cutanée par reconstruction du plan superficiel par un lambeau de grand dorsal
- correction d’une asymétrie mammaire par lipomodelage et changement de prothèse.
- Problèmes après reconstruction mammaire autologue
L’apport des techniques de reconstruction mammaire autologue après mastectomie a permis d’obtenir une amélioration considérable de la qualité des reconstructions mammaires, notamment dans les cas difficiles et à risques. Elles ont une chance plus importante de succès que les reconstructions par prothèse, avec un résultat plus naturel, et offrent surtout la possibilité de préserver la reconstruction, malgré la présence d’une nécrose cutanée de la peau mammaire.
Les reconstructions mammaires autologues ont, de plus, permis d’obtenir des seins de forme et de consistance naturelles, tout en gardant une apparence et une consistance stables dans le temps.
Avec l’expérience, les chirurgiens ont pu développer des techniques de plus en plus fiables. Cependant, il reste encore des cas difficiles, ou des cas où une complication est survenue du fait de facteurs de risque, comme la radiothérapie. Dans ce groupe de patientes complexes, le risque de complications et de résultats insuffisants est significatif. La majorité de problèmes peuvent être attribués à un défaut de vascularisation des tissus transférés, avec pour conséquence, une nécrose du lambeau partielle ou totale, une insuffisance de volume, une forme insatisfaisante ou des cicatrices de mauvaises qualités, surtout après cicatrisation dirigée. Par son talent et son expérience, le chirurgien plasticien expérimenté pourra proposer des solutions adaptées dans ces cas difficiles, permettant d’obtenir un résultat final satisfaisant à la suite de ces complications ou des résultats insuffisants de reconstructions. En prenant soin de réaliser un planning préopératoire soigneux et en réalisant une exécution chirurgicale impeccable, même les déformations les plus significatives, peuvent être grandement améliorées par une nouvelle chirurgie.
Voici des exemples de chirurgies que nous avons eu à réaliser, à la suite de la prise en charge de cas secondaires :
- Reprises après reconstruction mammaire par lambeau de grand dorsal autologue:
- Prise en charge d’une reconstruction mammaire après nécrose totale du lambeau
- prise en charge après nécrose partielle du lambeau de grand dorsal
- amélioration de la cicatrice dorsale après retard de cicatrisation dorsale
- traitement d’une nécrose cutanée mammaire par greffe de peau totale
- lipomodelage pour corriger une fonte du volume mammaire
- correction d’un séro-hématome chronique
- correction de séquelles gênantes et douloureuses de la région dorsale par la technique de lipomodelage
- repositionnement du lambeau et remodelage du lambeau pour mieux définir les limites du sein
- Reprises après reconstruction mammaire par TRAM
Le TRAM a constitué, dans les années 90, la technique de référence en reconstruction mammaire autologue. Cette intervention est beaucoup moins pratiquée actuellement car il s’agit d’une intervention assez lourde et qui pénalise la paroi abdominale. Nous avons été amenés à prendre les cas secondaires suivants:
- reconstruction mammaire après nécrose totale du lambeau de TRAM
- reprise de la reconstruction après nécrose partielle du TRAM
- repositionnement du TRAM mal positionné
- repositionnement du sillon sous-mammaire
- complément de volume et notamment du décolleté par la technique du lipomodelage
- correction d’une éventration abdominale après TRAM
- repositionnement de la cicatrice abdominale par reprise de l’abdominoplastie pour bien positionner la cicatrice
- Reprises après reconstruction mammaire par DIEP
La reconstruction par DIEP a été présentée ces dernières années comme une des meilleures techniques de reconstruction mammaire autologue. En fait, il s’agit d’une technique longue et assez lourde pour les patientes car elle nécessite un temps opératoire assez long, avec temps microchirurgical qui peut exposer à un risque de nécrose totale du lambeau, même entre les mains les plus expérimentées. De plus, même dans les cas où l’anastomose a bien fonctionné, il peut exister une insuffisance de volume ou une mal-position du lambeau. Nous avons été amené à traiter des cas secondaires après reconstruction mammaire par DIEP avec pour exemples :
- reprise de la reconstruction mammaire après nécrose totale du DIEP
- reprise de la reconstruction après nécrose partielle du DIEP
- amélioration du décolleté et de l’insuffisance du volume par lipomodelage
- repositionnement du DIEP avec remise en place du sillon sous-mammaire
- amélioration de la projection du sein par lipomodelage
- traitement d’une cytostéatonécrose par lipofragmentation
- traitement d’une asymétrie mammaire résiduelle
- Reprises après reconstruction mammaire par lipomodelage exclusif :
Le lipomodelage exclusif en reconstruction mammaire autologue est une technique que nous avons mise au point en 2001 et qui peut donner de très bons résultats mais les indications sont marginales, représentant de 5 à 10% des indications. Le côté un peu magique de cette technique a fait proposer, trop largement par certains cette intervention ; si bien que l’on peut aboutir à une insuffisance de volume et, finalement, à un échec de la reconstruction. Il convient de bien définir les indications pour que cette technique de reconstruction puisse donner un résultat satisfaisant. Le principe du lipomodelage est de réaliser un transfert de spaghettis graisseux dans une « boite de spaghettis », et on comprend très bien que si la peau est très fine, elle ne pourra accepter beaucoup de tissus et on aura au final une insuffisance de résultat voire un échec. Nous voyons de plus en plus de cas secondaires pour lesquels nous devons proposer une autre technique de reconstruction :
- amélioration de la reconstruction par une nouvelle séance de lipomodelage
- amélioration de la reconstruction par la mise en place d’une prothèse mammaire
- reprise de la reconstruction avec reconstruction autologue par lambeau dorsal à cicatrice courte
- amélioration de la symétrie mammaire par lipomodelage et symétrisation.
- Problèmes associés aux malpositions de la plaque aréolo-mamelonnaire(PAM)
Par bien des aspects, la plaque aréolo-mamelonnaire est un élément essentiel du sein féminin. Il est parfois observé en reconstruction, que même un joli sein reconstruit peut paraitre peu naturel si la plaque aréolo-mamelonnaire n’a pas été reconstruite ou simplement si elle a été mal positionnée.
Aussi, il est très important de positionner la plaque aréolo-mamelonnaire lorsqu’on est sûr de l’évolution et de la forme du sein.
Heureusement, lorsque l’aréole est mal positionnée, il existe encore des possibilités thérapeutiques pour restaurer une position plus satisfaisante de la plaque aréolo-mamelonnaire. Nous avons eu à pratiquer différentes interventions pour corriger ce positionnement:
- suppression de la plaque aréolo-mamelonnaire et réfection d’une nouvelle plaque aréolo-mamelonnaire
- déplacement de la plaque aréolo-mamelonnaire et repositionnement
- déplacement de la plaque aréolo-mamelonnaire par la technique des lambeaux réciproques
- remise en position de la plaque aréolo-mamelonnaire par libération des zones de rétraction grâce au lipomodelage.
- Problèmes après traitement des séquelles de traitement conservateur
Le traitement des séquelles de traitement conservateur a fait beaucoup de progrès ces dernières années, notamment avec l’apport du lipomodelage.
Cependant, ces techniques de lipomodelage sont encore relativement peu connues et de nombreux chirurgiens réalisent toujours des reconstructions partielles par lambeau et notamment par lambeaux perforants, ce qui engendre des séquelles cicatricielles et vasculaires. Nous avons été amené à prendre en charge des cas complexes secondaires après traitement de ces séquelles, avec comme pour exemples :
- reprise de la correction par lipomodelage
- changement de prothèse et lipomodelage
- réparation partielle du sein par lambeau de grand dorsal
- conversion de la reconstruction prothétique en reconstruction autologue
- exérèse des zones de cytostéatonécrose et réparation par lambeau de grand dorsal.
- Traitement d’une récidive locale après reconstruction mammaire
La reconstruction mammaire a connu un développement important au cours de ces vingt dernières années, car encore beaucoup de patientes continuent à avoir besoin d’une mastectomie pour traiter leur cancer du sein. Les chirurgiens plasticiens ont développé des techniques remarquables pour restaurer un sein de consistance et d’apparence normales. Il a été démontré de façons claire et répétée que la reconstruction mammaire n’augmentait pas le risque de récidive locale. Cependant, un certain pourcentage de patientes ayant eu un cancer du sein et une reconstruction mammaire peuvent développer une récidive locale. Bien que ces cas soient rares (1 à 2 % des cas), lorsqu’on est chirurgien et qu’on est réputé dans un Centre de référence, on peut être amené à prendre en charge, chaque année, quelques cas présentant ce problème. Parmi les facteurs de récidive locale : on retrouve la présence de ganglions positifs, la taille importante de la tumeur initiale, les marges tumorales limitées et le jeune âge de la patiente au moment du diagnostic du cancer. La majorité des récidives locales sur les seins reconstruits sont dans la peau et dans le tissu cellulaire sous-cutané et peuvent être traitées par une excision locale, chimiothérapie et radiothérapie. Dans d’autres cas, notamment de nodules de perméation étendus en surface, on peut être amené à réaliser une excision large avec reconstruction par greffe de peau totale ou lambeau.
La difficulté pour améliorer ces patientes est liée au besoin de radiothérapie et de chimiothérapie. Chaque cas est ici particulier et nous devons nous intégrer à l’équipe pluridisciplinaire pour offrir notre contribution la plus adaptée.
Voici des exemples de cas que nous avons eu à traiter :
- excision large et réparation par greffe de peau totale
- excision locale et remodelage local
- excision large et reconstruction par lambeau
- réparation secondaire de la déformation par lipomodelage
- excision cutanée large et conversion de la reconstruction prothétique en reconstruction autologue.